Établissement de plusieurs couvents

COUVENTS ÉTABLIS PAR MÈRE MARIE-ANNE ENTRE 1924 ET 1936

GRAND-SAULT (1924)

Depuis l’année 1872, la province du Nouveau-Brunswick impose un caractère neutre aux écoles. L’abbé Thomas Albert, curé de Grand-Sault, déplore cette situation et décide d’y trouver une solution. Il fait construire un couvent en 1923, affirmant qu’il tient à ce que les enfants soient des « chrétiens sincères parce que chrétiennement instruits ». Il s’adresse à mère Marie-Anne pour avoir des soeurs. Étant elle-même originaire de Van Buren, à la frontière du Madawaska, elle est sensible à la cause des Acadiens de sa région d’origine. Elle accepte la requête du père Albert et envoie quatre religieuses. Soeur M.-Léonie, première supérieure, et trois autres soeurs se rendent, par train, à Grand-Sault le 29 août 1924. La bénédiction du couvent-école a lieu 25 septembre suivant. L’édifice se remplit aussitôt d’externes et de pensionnaires.

La congrégation doit emprunter 80 000 $ pour faire construire le couvent-école, somme importante pour l’époque.

Les soeurs vivent frugalement, mais malgré leurs ressources limitées, elles établissent certaines priorités. Par exemple, elles considèrent qu’un piano est essentiel et consentent à payer 350 $ pour en acheter un. Les soeurs du couvent de Grand-Sault ont conservé le chèque émis pour payer le piano.

Message du maire Evérard Daigle de Grand-Sault
à l’occasion du 50e anniversaire du couvent

« …Le dévouement et les efforts déployés au cours de ces 50 années ont grandement contribué au mieux-être des citoyens de notre ville. C’est donc une joie pour nous de vous offrir tous nos remerciements pour vos services rendus et nous espérons que la Providence vous accordera de nombreuses années parmi nous. »

Les jeunes qui fréquentent le couvent-école de Grand-Sault reçoivent une éducation solide en français et en anglais. On rapporte qu’une finissante de l’année1930 se classe première à l’École Normale de Fredericton l’année suivante. En 1939, on introduit le cours commercial bilingue.

Les soeurs encouragent le développement culturel des élèves et organisent de belles cérémonies de collation des diplômes.

À mesure que la population étudiante grandit, les soeurs cèdent de plus en plus d’espace aux élèves. En 1959, la commission scolaire achète le couvent et, en 1960, la congrégation bâtit un autre couvent

En 1974, le gens fêtent le 50e anniversaire de l’arrivée des soeurs. Beaucoup de Religieuses NDSC sont présentes et le maire de Grand-Sault les remercie de leur contribution à sa ville.

MAISON SAINT-VINCENT-DE-PAUL (1928)

En 1928, la crise économique frappe durement et les grandes familles acadiennes sont particulièrement touchées.

Père Henri Cormier demande à mère Marie-Anne d’ouvrir une maison pour s’occuper des pauvres à Moncton. Malgré ses 78 ans, elle accepte sans se faire prêcher.

La maison Saint-Vincent-de-Paul ouvre en août 1928. Ce logement modeste acheté par le père Cormier doit être fumigé et nettoyé. Les soeurs des autres couvents donnent des meubles, de la literie et des ustensiles de cuisine. Les paroissiens apportent des vêtements et de la nourriture.

Chaque jour, on sert deux repas à une quarantaine d’enfants pauvres. Environ 80 familles reçoivent des habits. Quantité de vêtements sont fabriqués. Le travail se fait bénévolement, grâce aux contributions des paroissiens de l’Assomption et du père Henri Cormier. Les soeurs connaissent bien chaque pauvre et leur rendent visite à domicile.

En 1943, les soeurs du Bon Pasteur d’Angers ouvrent un monastère à Moncton. Puisqu’on dit qu’elles s’occuperont des pauvres, mère M.-Albina craint que la maison Saint-Vincent-de-Paul ne soit plus nécessaire et décide donc de la fermer. Après coup, elle le regrette puisque, en fait, les soeurs du Bon Pasteur s’occuperont surtout des adolescentes sans famille seulement.

Impact de la maison Saint-Vincent-de-Paul

L’ouverture officielle se fit sans faste ni démonstration. C’était le 27 août 1928. Les fondatrices furent : mère Marie-Céline, supérieure, soeur Marie-Isabelle, soeur Marie-Ursule et soeur Marie-Bernardine. Soeur Marie-Philippe vint aider pour l’installation… Dès le premier Noël, les soeurs préparèrent 150 boîtes contenant chacune un délicieux dîner de Noël. Le 31 décembre, les enfants pauvres se rassemblèrent à l’Académie du Sacré-Coeur où des jouets leur furent distribués par les soeurs… En 1929, 2908 repas furent servis aux pauvres au cours de l’année. Toutes ces activités se répétèrent chaque année. Les chroniques rapportent que les enfants réussissaient mieux à l’école depuis qu’ils étaient mieux nourris… À plusieurs reprises, les soeurs trouvèrent une enveloppe scellée à la porte avec 50 $ et parfois 100 $. Jamais elles ne purent savoir qui était ce bienfaiteur anonyme… En octobre 1935, on organisa un cercle de couture en faveur des pauvres. Le curé céda une grande salle de l’Académie du Sacré-Coeur à cet effet. Vingt-deux dames faisaient partie de ce cercle. On se réunissait tous les mercredis après-midi pour confectionner des vêtements, piquer des couvertures, repriser bas et chandails, etc.

VAUTOUR, Thérèse. Historique de la maison Saint-Vincent-de-Paul. (texte inédit)

VILLE-PLATE, LOUISIANE (1931)

En 1931, père Maurice Bourgeois confie au père Armand Cyr qu’il est incapable de trouver des religieuses francophones pour son école de Ville-Plate. Père Cyr lui conseille de chercher auprès de sa cousine, mère Marie-Anne.

Mère Marie-Anne accepte de secourir les Acadiens louisianais à risque d’assimilation. En août 1931, elle y envoie cinq soeurs. Celles-ci voyagent pendant cinq jours en train pour se rendre à Ville-Plate, Louisiane.

Les soeurs travaillent auprès de 1 200 familles de Ville-Plate. Elles enseignent à l’école, se rendent dans les paroisses préparer les enfants et les adultes aux sacrements et enseigner la catéchèse. En plus, pour préserver la culture, elles chantent en français pour les gens.

Au début, les soeurs n’enseignent qu’au primaire. Avec le temps, elles ajoutent les 7e, 8e et 9e années. Leur école reçoit alors le statut de « École de l’État ». Plusieurs soeurs éprouvent des problèmes de santé. La chaleur de Ville-Plate rend l’adaptation difficile. En plus, pour se qualifier pour l’enseignement en Louisiane, les soeurs doivent faire des études considérables. Pour toutes ces raisons, le Conseil général décide de rappeler les soeurs en 1938 et en 1939. Les soeurs ont créé des liens profonds avec les Louisianais que le temps ne pourra pas effacer. Et, même après des décennies, les Louisianais gardent contact avec les soeurs.

SACKVILLE (1934)

En 1934, père Marc Côté, du monastère dominicain de Sackville, demande des soeurs NDSC pour l’enseignement. Il offre une maison près du monastère pour les héberger. Mère Marie-Anne accepte d’y aller aider les Acadiens mal intégrés qui représentent 30 % de la population. Mère Marie-Anne confie l’organisation du couvent à mère M.-Rosalie. Par son écoute compréhensive et son affabilité, mère M.-Rosalie fait tomber certaines réticences entre catholiques et protestants.

À leur arrivée, les soeurs enseignent les matières scolaires au couvent. Elles préparent aussi les enfants à la réception des sacrements. Comme les parents ne peuvent payer un salaire convenable, les soeurs ne reçoivent que chacune 12 $ par mois de la paroisse même si le salaire moyen des institutrices d’alors dépasse 150 $ par mois.

En 1946, la paroisse fait construire une école élémentaire et les soeurs en assument le fonctionnement jusqu’aux années 1960, moment où le gouvernement prend l’éducation en main. Les soeurs ne réussissent pas à contrer l’assimilation des Acadiens à Sackville et la dernière soeur quitte l’endroit en 1985.

DRUMMOND (1936)

Mère Marie-Anne est encore supérieure générale lorsque, en 1936, père Joseph-Paul Levesque lui demande des soeurs pour enseigner à l’école paroissiale à Drummond. Elle planifie l’ouverture du couvent mais quand il ouvre le 8 septembre 1936, c’est mère M.-Thérèse qui est supérieure générale. En 1936, on envoie les soeurs M.-Adrienne, supérieure, M.-Agathe, M.-Francesca et M.-Edith. En septembre 1937, soeur M.-Théodora s’ajoute au groupe.

Les soeurs enseignent à l’école de Drummond et oeuvrent dans les services paroissiaux. À cause des grandes concentrations scolaires des années 1960, il n’est plus nécessaire de garder un couvent à Drummond. On le ferme en 1968.

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