Fondation de la congrégation des Religieuses NDSC
Ces mots parviennent à sœur Marie-Anne. Craignant la fin d’un rêve d’un noviciat français chez les SCIC, sœur Marie-Anne et sœur Marie-Rosalie se rendent, en train, à Saint-Jean pour exposer la situation à mère Alphonse, alors supérieure générale.
Soeur Marie-Anne explique à mère Alphonse que le clergé songe à diriger les filles acadiennes ailleurs que chez les SCIC s’il n’y a pas de noviciat français. Mère Alphonse refuse un noviciat français et lui dit : « Si vous voulez absolument vous séparer, séparez-vous! »
Attristées, sœur Marie-Anne et sœur Marie-Rosalie se rendent chez Mgr Édouard LeBlanc pour lui rapporter la suggestion de mère Alphonse. Il abonde dans le même sens et leur dit : « Mais alors, séparez-vous puisque votre supérieure vous le suggère », et il les encourage à écrire à Rome, leur promettant de signer leur demande.
L’idée d’une séparation d’avec les SCIC est douloureuse pour soeur Marie-Anne. Sauf pour les questions ethniques et linguistiques, elle n’a aucun motif de se plaindre. Elle se confie à Dieu et à Marie et décide de risquer dans la foi.
En août 1922, sœur Marie-Anne et ses compagnes acadiennes rédigent une lettre au Pape, lui demandant une séparation d’avec les SCIC. Selon sœur Marie-Rosalie, c’est Mgr LeBlanc qui a payé les honoraires requis de Rome pour la séparation. Il a l’air sûr que les soeurs acadiennes auront la permission de fonder une communauté de langue française.
En janvier 1923, les soeurs françaises votent « oui » ou « non » selon qu’elles désirent rester à Saint-Jean ou se joindre aux soeurs françaises.
Après six longs mois d’attente, Mgr LeBlanc reçoit de bonnes nouvelles de Rome. Le 20 février 1923, il écrit au curé de Bouctouche, lui demandant de communiquer la réponse aux soeurs : « La chose est réglée en principe en leur faveur. »
En mai 1923, un autre message arrive du Saint-Père confirmant la séparation et demandant de séparer légalement les biens. On décide que la nouvelle congrégation recevra les couvents de Saint-Joseph, de Bouctouche, de Shédiac, de Saint-Anselme et de Petit-Rocher. Le 24 août 1923, sœur Marie-Anne et sœur Marie-Léonie se rendent à Montréal et voient, chez un statuaire, une belle statue de Notre-Dame du Sacré-Coeur. Soeur Marie-Anne la fait mettre en réserve jusqu’à ce qu’elle la commande, dans un avenir prochain. Cette statue recevra la place d’honneur dans la chapelle de la future maison mère.
Pour comprendre l’origine de l’appellation Notre-Dame-du-Sacré-Coeur, il faut remonter jusqu’à vers 1850. Le père Chevalier d’Issoudun lance la dévotion à Notre-Dame-du-Sacré-Coeur en France et, de là, on la propage au Canada. Le père Camille Lefebvre l’instaure à Memramcook en 1873 en plaçant le couvent sous la garde de Notre-Dame-du-Sacré-Coeur. Sœur Marie-Dorothée rapporte que le père Désiré Allain, curé à Notre-Dame, suggère à sœur Marie-Anne de mettre sa communauté sous la garde de Notre-Dame-du-Sacré-Coeur. En apprenant la suggestion, toutes les sœurs étaient d’accord.
C’est sœur Marie-Rosalie qui seconde sœur Marie-Anne dans la démarche de fondation. Puisqu’elle écrit avec facilité, elle a probablement rédigé l’ébauche de la lettre envoyée à Rome en 1922. Soeur Marie-Anne reçoit également un appui solide de soeur Marie-Julie qui sera nommée économe générale de 1924 à 1936.
La séparation étant accomplie, selon les règles du droit canonique, les Sœurs de la nouvelle Congrégation se réuniront en Chapitre général, le plus tôt possible, pour se choisir une Supérieure générale et un Conseil pour régir la nouvelle Communauté.
Le 17 février 1924, sœur Marie-Anne et 52 de ses compagnes, âgées de 21 à 79 ans, quittent les SCIC pour joindre la nouvelle congrégation des Religieuses de Notre-Dame-du-Sacré-Coeur. La supérieure de Saint-Joseph de Memramcook et neuf autres sœurs acadiennes ne suivent pas le mouvement de séparation.