Les Sisters of Charity à Saint-Anselme et à Petit Rocher

IMPACT DU COUVENT DE SAINT-ANSELME

En 1864, l’abbé François-Xavier Lafrance, c.s.c., achète une terre à Saint-Anselme pour la construction d’un futur couvent. Il fait couper le bois pour la charpente de ce futur couvent qui n’a jamais été monté, parce qu’il tombe malade, puis meurt en 1867. Depuis que la loi des écoles communes du N.-B. est promulguée en 1872, le gouvernement provincial ne permet plus aux écoles catholiques de donner une instruction catholique et française conforme à leur foi et à leur langue. En 1915, un curé entreprenant et patriotique, père Alban Robichaud, ressuscite l’oeuvre de l’abbé Lafrance et demande aux SCIC de fonder un couvent à Saint-Anselme.

L’abbé Robichaud fait construire le couvent sur le terrain acheté par le père Lafrance. C’est un édifice en brique multifonctionnel : résidence des soeurs, pensionnat et classes des élèves externes.

Quatre soeurs de la Charité de Saint-Jean arrivent à Saint-Anselme en août 1916 dont soeur M.-Thérèse, première supérieure et trois autres acadiennes francophones, soeurs M.-Julie, M.-Céline et M.-Bernadette ainsi que deux anglophones, soeur Barbara et soeur Imelda. Les chroniques du couvent racontent leur arrivée (voir l’encadré plus bas).

Pour que les soeurs puissent recevoir un petit salaire, la paroisse organise des bazars, des pique-niques et des séances. Le généreux père Robichaud dit un jour : « J’ai donné tout ce que j’avais pour ce couvent excepté mon vieil auto et ma chatte. »

Extrait des chroniques du couvent de Saint-Anselme
« Dans la semaine qui précède le 12 août, la supérieure générale des Soeurs de la Charité, et Sr M. Béatrice, assistante générale, arrivent au Mary’s Home et annoncent à Sr M. Thérèse que le Conseil la nomme supérieure de la nouvelle mission. Pour faire ses préparatifs, on ne lui accorde qu’une demi-heure, temps si court qu’elle ne pense même pas à essuyer quelques larmes qui veulent couler. En effet, peu de temps après, [elles] sont conduites au presbytère de Saint-Anselme. Après quelques minutes de repos, Monsieur le curé, A. Robichaud, les emmène visiter le couvent. En y entrant, grand désappointement! Elles s’attendaient à voir une maison finie et meublée au moins en partie. Mais bien loin de là. Il n’y a encore que les quatre murs et, à l’intérieur, elles aperçoivent bon nombre d’ouvriers se hâtant d’achever les travaux… Elles se gardent bien de montrer leur étonnement, car cela aurait peiné le bon Curé. Après avoir tout visité, elles retournent au presbytère pour le dîner. Vers les deux heures, M. le Curé va reconduire les Révérendes Mères au Mary’s Home, laissant les deux pauvres missionnaires sans le sous dans la poche. »

Les parents, aux moyens limités, paient aussi peu que 50 ¢ par mois pour les élèves, alors que les gens plus aisés paient 12 $ par mois pour pension et enseignement. Le couvent de Saint-Anselme est bien géré. Les soeurs de la Charité publient un « Prospectus » destiné aux parents des futurs élèves dans lequel on énumère les buts du couvent, les règlements, les cours offerts et les coûts mensuels.

De 1916 jusqu’à 1932, le couvent accepte des pensionnaires. En 1933, le nombre d’externes atteint 130. Faute d’espace, on cesse alors d’accepter les pensionnaires.

Les soeurs et le clergé collaborent étroitement comme en témoigne leur présence aux noces d’argent du père Albert Landry en 1944.

De 1933 à 1956, le couvent sert d’externat et de résidence à une dizaine de soeurs. Comme les 250 élèves occupent tout l’espace du couvent en 1956, la congrégation en construit un autre en 1956 à 1002, rue Amirault, Dieppe, qui servira de résidence à une douzaine de soeurs. En 1975, ce couvent devient la maison généralice des soeurs NDSC.

Après 50 ans, le couvent-école de Saint-Anselme disparaît dans un brasier le 22 juillet 1967. On trouve des classes pour accommoder temporairement les 300 élèves. Plus tard, on construira l’école Amirault à Dieppe.

LE COUVENT DE PETIT-ROCHER

En 1923, quelques mois avant la fondation de la congrégation NDSC, père Nazaire Savoie insiste auprès de mère Alphonse, supérieure générale des SCIC, pour qu’elle ouvre un couvent à Petit-Rocher. Il obtient gain de cause.

Mère Alphonse désigne soeur M.-Thérèse supérieure, mais sentant que cette fondation en milieu français lui échappera, elle permet à soeur Marie-Anne de nommer les trois autres soeurs fondatrices. Cette fondation est donc faite conjointement par les SCIC et la fondatrice des Religieuses NDSC.

Les chroniques du couvent rapportent comment l’hospitalité des gens de Petit-Rocher est exceptionnelle. À l’automne, les paroissiens donnent aux soeurs une abondance de légumes pour l’hiver. Des dames de Petit-Rocher font une collecte pour les soeurs et recueillent de la literie, des essuie-mains et d’autres objets.

Chroniques du couvent Notre-Dame-du-Bon-Conseil de Petit-Rocher
« Le 29 août 1923, à 4 h 30, nous arrivons à notre destination. Quelle surprise pleine d’émotion! Les bons paroissiens encombrent la plate-forme de la gare. Nous sommes accueillies avec une bienveillance toute paternelle par M. le curé Savoie qui nous souhaite la plus cordiale bienvenue. Aussitôt s’avancent six fillettes vêtues de blanc, voiles blancs qui nous présentent à chaque religieuse un joli bouquet de fleurs. Nous n’avons qu’à jeter un coup d’oeil sur la foule pour deviner les sentiments qui animent tous les coeurs. Puissions-nous toujours édifier ces bons et braves gens… La procession se met en marche. À l’approche de l’église, le chemin est artistiquement décoré de drapeaux; les cloches sonnent à toute volée. »

Les soeurs enseignent dans une petite école à deux étages. Elles peuvent aisément marcher du couvent à l’école quand il fait beau et, lorsqu’il fait mauvais, le bedeau les conduit au travail.

Le 25 juillet 1926, un violent orage de tonnerre met feu au clocher de l’église et l’incendie se propage au couvent. Une heure plus tard, les soeurs sont à la belle étoile. Tout, sauf un piano, est la proie des flammes. Quelques jours après l’incendie, mère Marie-Anne se rend au Petit-Rocher et décide de construire immédiatement un nouveau couvent. Les soeurs y déménageront le 23 décembre 1926. Elles n’ont cependant ni électricité ni téléphone avant 1939.

Les soeurs enseignantes sont remarquables. Elles organisent des débats oratoires, des pièces de théâtre et des clôtures de fin d’année où les parents viennent constater les progrès de leurs enfants. En 1927, les soeurs M.-Angéline et Jeanne-de-Valois reçoivent une lettre de félicitations de l’inspecteur d’école pour leur beau travail auprès des élèves.

En 1930, 12 des 15 élèves qui écrivent les examens d’entrée à l’École Normale réussissent, fait remarquable pour un village français car tous les examens doivent être écrits en anglais.

En 1956, l’école diversifie les options offertes et les soeurs initient le cours commercial ainsi que les sciences domestiques.

 

En 1967, une classe pour handicapés ouvre à l’école de Petit-Rocher et une soeur NDSC en est la titulaire. Ceci donne naissance, quelques années plus tard, à une nouvelle oeuvre dans la paroisse, soit la maison pour handicapés à Petit-Rocher-Nord.

En septembre 1989, faute d’effectifs, on ferme le couvent et on le vend à la paroisse. Les gens de Petit-Rocher font alors un grand rassemblement en l’honneur de toutes les soeurs ayant oeuvré là. Une plaque du sculpteur René Couillar est offerte par les paroissiens en hommage aux soeurs NDSC pour les services rendus à Petit-Rocher. Par la suite, la paroisse de Petit-Rocher vend l’ancien couvent à madame Pauline Fournier.

Le 20 octobre 1994, un entrepreneur place la bâtisse entière sur un gros camion et la transporte de l’autre côté de la route. On la rénove et elle devient une succursale de l’Hôtel d’Anjou. Ce déménagement attire bon nombre de curieux!

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