Les Sisters of Charity à Moncton et à Shédiac

DES RELIGIEUSES À MONCTON

À la fin du 19e siècle, Moncton est une petite ville en expansion autour d’un noeud ferroviaire et des usines du Canadien National. Saint-Bernard, la seule paroisse catholique à Moncton, regroupe beaucoup d’Acadiens ainsi que des anglophones, principalement des Irlandais. En 1882, père Henry Meehan devient le premier curé résident de cette paroisse et y demeure jusqu’en 1905.

Depuis 1872, le gouvernement du N.-B. veut que les écoles deviennent non-confessionnelles et ne permet pas aux enseignants d’y donner une instruction catholique. Voulant préserver la foi, le père Meehan demande à la communauté des soeurs de la Charité de lui envoyer des enseignantes pour son école. En août 1886, la supérieure générale acquiesce à sa demande et lui en envoie quatre. Elles demeurent au couvent Saint-Joseph, près de l’église et enseignent à l’école catholique située sur la rue Wesley. Une dizaine d’années plus tard, ce couvent compte trois soeurs françaises et trois anglaises.

En 1905, père Edward Savage, remplaçant du père Meehan, voit la nécessité d’agrandir le couvent. Il fait du porte en porte et recueille 40 000 $ pour la construction du Mary’s Home. Terminé en 1908, cet édifice sert d’école et de couvent. Dès 1907, le père François-Xavier Cormier obtient que les élèves de langue française et ceux de langue anglaise soient séparés et que chaque groupe reçoive l’enseignement dans sa langue maternelle.

En 1912, le vent tourne en faveur des Acadiens quand Pie X nomme à Saint-Jean un premier évêque acadien, Mgr Édouard LeBlanc. Mgr LeBlanc appuie la démarche des Acadiens de Moncton qui réclament une division française et anglaise des paroisses. Il crée ainsi la paroisse l’Assomption, la première de langue française à Moncton.

En 1914, père Henri Cormier devient curé de la paroisse l’Assomption. Pasteur exemplaire et défenseur de la cause des Acadiens, il dirige cette paroisse jusqu’à sa mort en 1938. Il veut une école ultramoderne pour la population acadienne de Moncton et fait construire l’Académie du Sacré-Coeur. Cette école ouvre ses portes en 1923 et six soeurs de la Charité francophones y enseignent : les soeurs Marie-de-Lima, M.-Mathilda, M.-Marguerita, M.-Albina, M.-Jeanne-de-Valois et soeur Maria. Elles tracent la route aux futures soeurs enseignantes qui feront la promotion du français chez les quelques 100 000 jeunes élèves qui suivront.

En janvier 1924, les soeurs françaises apprennent que soeur Marie-Anne a obtenu le feu vert pour fonder la congrégation NDSC. Le 12 février 1924, cinq jours avant la date officielle de séparation d’avec les soeurs de la Charité, Mgr Henri Cormier trouve un logis aux six soeurs enseignantes. Elles déménagent discrètement au 230, rue Highfield, puis quatre mois plus tard, à la rue Church, près de l’Académie. En juin 1925, les soeurs s’installent au 260, rue Lutz. Comme le nombre de soeurs enseignantes à l’Académie augmente rapidement, la communauté construit un plus grand couvent à cet endroit en 1932. À un moment donné, environ quarante religieuses l’habitent. Ce couvent de Moncton, nommé couvent Sainte-Hélène à partir de 1957, est démoli en 1999, car les coûts de réparation dépassent ceux de location d’une résidence au 1144, rue Amirault à Dieppe.

Texte inédit de soeur M.-Dorothée dans son historique du couvent Sainte-Hélène
« …Durant l’espace de trois générations, presque tous les enfants de langue française à Moncton ont reçu leurs huit premières années de formation scolaire directement des Soeurs ou des institutrices qui enseignaient sous leur direction… Quand vous allez dans un magasin, un salon funéraire, un bureau de médecin ou autre professionnel, une maison d’affaire, observez le nombre de fois qu’un ancien ou une ancienne s’informe de Soeur Untelle… qui lui a enseigné en 1ère, 2e, 3e, …, 8e année dans les écoles de Moncton. À Moncton, les soeurs ont posé les assises de la culture française. »

Dans les années 1930, l’Académie de la rue Church contient 30 classes. Treize institutrices religieuses et 17 laïques qui, la plupart sont des anciennes élèves des soeurs. Avec le temps, d’autres soeurs résidant au couvent Sainte-Hélène enseignent dans les écoles King George, Aberdeen, Essex, Guy de Fontgallant (Georgetown), Sainte-Bernadette, Saint-Henri, Verdun, Beauséjour, Stella-Maris et Vanier. De 1924 aux années 1960, elles enseignent à environ 100 000 jeunes venant de milieux francophones généralement très modestes. Ces soeurs sont souvent moins bien payées que les enseignants anglophones.

La formation intellectuelle et morale des jeunes est l’objet d’une constante sollicitude de la part des religieuses. Dans chacune des paroisses de Moncton où elles enseignent, les soeurs ont la responsabilité des enfants de choeur et de mouvements tels que la JEC et la Croisade eucharistique.

DES RELIGIEUSES À SHÉDIAC

Au 19e siècle, Shédiac est une petite ville où vivent beaucoup d’Acadiens et quelques anglophones. Les villageois environnants viennent y faire des affaires et vendre les produits de leur ferme. En 1884, père Antoine Ouellet, le curé, s’inquiète du régime de neutralité religieuse et de la dominance de l’anglais à l’école de Shédiac. Il obtient de l’évêque Mgr Sweeney, l’autorisation de construire un couvent et l’assurance d’obtenir des soeurs de la Charité.

Le couvent Sainte-Anne de Shédiac est fondé en janvier 1888. La première supérieure, soeur Marie-Julienne, est une enseignante remarquable. Deux autres enseignantes et une cuisinière forment le premier noyau. Les soeurs cultivent la terre et ont des animaux de ferme. En 1911, elles donnent une partie de leur terre aux soeurs de la Providence pour la construction de l’Hospice Providence.

Soeur Marie-Anne part du couvent de Bouctouche en 1911 et déménage à Shédiac. Elle est nommée supérieure, mandat qu’elle remplit jusqu’en 1918. Grâce à son zèle et à celui des autres soeurs, les gens de Shédiac développent davantage leur fierté acadienne. C’est de Shédiac, le 27 décembre 1914, que les soeurs M.-Anne, M.-Rosalie et M.-Julie écrivent une lettre à leur supérieure générale au nom des soeurs acadiennes pour demander une province française. Leur requête est acheminée à Rome par l’entremise de Mgr Édouard LeBlanc. « It is not yet expedient » est la réponse de Rome à cette requête. Déception pour les soeurs acadiennes! À l’époque, l’Église veut qu’une congrégation compte au moins 200 membres pour former une province séparée et les soeurs de la Charité de Saint-Jean n’atteignent pas ce nombre.

La vie de prière nourrit l’élan des premières soeurs du couvent de Shédiac. Elles possèdent un chapelet formé de croix représentant les 14 stations du chemin de croix. Par ce moyen, elles peuvent donc faire le chemin de croix à la maison.

À l’occasion de la procession de la Fête-Dieu, les soeurs NDSC et leurs élèves de même que les soeurs de la Providence et leurs élèves, participent à l’événement.

Les soeurs font l’éducation de la foi et préparent les enfants à leur première communion.

Les soeurs de la Charité, devenues les soeurs NDSC en 1924, enseignent à Shédiac jusqu’en 1972. Plusieurs sont successivement directrices de l’école.

Back To Top