De l’Académie NDSC au Collège NDA

ÉVOLUTION DE L’ACADÉMIE NDSC

De 1924 jusqu’à 1949, le pensionnat Académie NDSC de Memramcook continue à enseigner les cours réguliers du programme de la province, auquel on ajoute la religion, le français enrichi, la musique et les arts ménagers. Ce pensionnat forme de nombreuses jeunes filles qui deviendront, soit des enseignantes qui relèveront le niveau d’instruction de la masse, soit des infirmières qui desserviront les hôpitaux francophones. Les soeurs donnent aussi une formation en secrétariat bilingue. Ces diplômées sont surtout sollicitées par les entreprises acadiennes désireuses de conduire leurs affaires en français.

La congrégation encourage la formation universitaire des soeurs enseignantes. De 1936 à 1948, plusieurs obtiennent des bourses et une vingtaine de soeurs décrochent des diplômes universitaires dans les arts, les humanités et les sciences.

Formation académique des soeurs enseignantes entre 1936 et 1948
  • En 1936-1937, les soeurs M.-Jeanne-de-Valois et M.-Augusta sont récipiendaires de bourses France-Acadie pour étudier à l’Université de Paris et à la Sorbonne. Les deux reçoivent leur diplôme avec haute distinction.
  • En 1938, soeur M.-Albina obtient un baccalauréat ès art de l’Université Lafayette en Louisiane; elle reçoit la plus haute distinction de sa classe.
  • En 1941, neuf soeurs reçoivent leur baccalauréat ès art de l’Université Saint-Joseph et une, sa maîtrise; trois autres soeurs reçoivent leur baccalauréat de l’Université du Sacré-Coeur de Bathurst.
  • En 1947-1948, les soeurs M.-Juliette et M.-Ernestine bénéficient de bourses France-Acadie; elles étudient à la Sorbonne et à l’Institut catholique de Paris.

En 1943, l’Académie NDSC introduit le cours classique pour filles : une première au N.-B. Les deux principaux innovateurs sont soeur M.-Jeanne-de-Valois et père Clément Cormier, c.s.c. Le programme d’études est le même que celui de l’Université Saint-Joseph. On débute avec quatre étudiantes en Belles-Lettres. En 1948, 25 étudiantes sont inscrites au cours classique.

Le nombre de pensionnaires augmente et finit par déborder l’espace disponible. À la remise des diplômes à l’Académie NDSC de juin 1949, on compte 59 diplômées : 6 titulaires d’un baccalauréat ès art, 2 diplômées en professorat en piano, 24 diplômées de fin du secondaire et 27 diplômées au cours commercial. Nécessité oblige de construire un autre pensionnat. Cependant, les classes des élèves externes de la 8e à 12e année restent ouvertes jusqu’à l’entrée en fonction de l’école Abbey-Landry.

Après le départ des pensionnaires en 1949, on introduit un cours de sciences familiales à Memramcook. Il est financé par le plan d’aide à la jeunesse du N.-B. et destiné aux jeunes filles francophones des milieux ruraux. Chaque année, entre 25 et 40 jeunes filles suivent ce cours. En l’espace d’un quart de siècle, les soeurs NDSC ont ainsi formé près d’un millier de jeunes femmes en sciences familiales.

En 1973, on démolit le couvent de Memramcook, édifice qui avait été un phare de formation et de culture pendant 100 ans.

NOUVELLE ENTREPRISE : LE COLLÈGE NOTRE-DAME D’ACADIE (NDA)

Le Conseil général décide de construire un grand collège féminin. Le nom Collège Notre-Dame d’Acadie (NDA), est possiblement suggéré par Mgr Norbert Robichaud, archevêque du temps. Quatre localités sont proposées. Comme on pressent que la ville de Moncton devient un pôle d’attraction important, c’est cette ville qui est choisie. Le curé de la Cathédrale, père Albert Leménager, offre gratuitement le terrain à la congrégation. Mère M.-Jeanne-de-Valois (communément appelée Mère Jeanne) est l’âme de la nouvelle entreprise. Elle fait les premiers croquis du Collège NDA. L’architecte Sam Roy ne fait qu’organiser son brouillon de façon plus technique. Mère Jeanne est encouragée par la supérieure générale d’alors, mère M.-Albina, et par deux compagnes qui enseignent aux collégiennes, les soeurs M.-Juliette et M.-Dorothée. La congrégation accepte de faire un geste de grande générosité envers l’éducation des Acadiennes, même si cela représente une dette énorme pour l’époque.

En avril 1947, on commence la construction du Collège NDA, le plus vaste pensionnat-externat francophone dans les Provinces maritimes. La congrégation choisit Abbey Landry de College Bridge pour constructeur. Cet édifice à six étages, mesurant 330 pieds sur 88 pieds, est solide et sobre. Les travaux durent deux ans. Les étudiantes font leur entrée le 5 septembre 1949. Une grande foule assiste à la bénédiction de l’édifice le 8 septembre suivant. Il comprend une quarantaine de classes, une chapelle de 300 places, un grand auditorium, une cafétéria de 300 places et tous les autres locaux requis pour son fonctionnement.

Article dans L'Évangéline soulignant l'ouverture du collège NDA
« Le premier collège classique pour filles en Acadie n’a pas voulu se contenter d’être une construction quelconque. Rien n’a été ménagé pour en faire non seulement la première institution du genre, mais aussi un des édifices scolaires les mieux adaptés à ses besoins dans les Provinces maritimes […] Parce que l’oeuvre est destinée à de magnifiques développements, les Religieuses ont voulu construire beau et grand. Leur nouveau collège peut recevoir plus de 275 pensionnaires, et un nombre encore plus considérable d’externes. Elles y puiseront une formation supérieure et une instruction qui leur permettra de se tailler une place dans un monde où la compétence est de rigueur. »

Environ 300 étudiantes font leur cours classique au Collège NDA entre 1949 et 1964 : Belles-Lettres, Rhétorique, Philosophie I et II. Ces diplômées ont contribué de façon significative à rehausser la qualité de la culture et le rayonnement du fait français en Acadie. Elles sont devenues médecins, avocates, auteures, professionnelles dans des domaines tels les affaires sociales, les médias, l’enseignement, etc. Certaines font une première expérience en journalisme lors de la publication de leur journal périodique appelé « Bleuettes ».

Quelques collégiennes sont inscrites au baccalauréat en sciences familiales. Plus tard, deux soeurs font des études plus poussées en nutrition et en études familiales et fondent l’École de nutrition et d’études familiales de l’Université de Moncton.

QUELQUES 5 000 JEUNES FILLES FRÉQUENTENT LE COLLÈGE NDA

La vaste majorité des étudiantes du Collège NDA, soit 94 %, n’est pas inscrite au cours classique. Ce groupe comprend celles du secondaire de la 9e à la 12e année, du cours commercial, du groupe d’Hispano-américaines en apprentissage linguistique, du cours en sciences familiales et du groupe de jeunes Québécoises venues perfectionner leur connaissance de l’anglais. De plus, les étudiantes catholiques, française et anglaises de la ville de Moncton fréquentent NDA comme externes, car à cette époque, il n’y a pas d’école secondaire pour elles.

Les activités parascolaires favorisent la culture et l’éveil social des étudiantes. Le Collège NDA est un genre de centre communautaire français pour la région de Moncton. L’auditorium peut asseoir 550 personnes, ce qui en fait un lieu idéal pour des pièces de théâtre, d’autresactivités culturelles et des rencontres de mouvements sociaux tels que la JOC.

Les soeurs veulent éveiller le goût du beau chez les étudiantes. Les jeunes qui ont du talent peuvent apprendre l’art pictural, le cuir repoussé et la poterie.

Comme les sports peuvent exercer une influence positive sur les étudiantes, les soeurs embauchent Louis Chandler pour instructeur de ballon-panier. Les participantes à l’équipe de ballon-panier connaissent du succès dans la région. Quelques-unes de l’équipe se taillent même une excellente réputation.

Une équipe de soeurs cuisinières voit à la préparation des repas pour ce grand groupe d’étudiantes qui prennent leurs repas dans une cafétéria spacieuse.

En 1962, une Commission royale d’enquête sur l’éducation supérieure au N.-B. recommande l’établissement d’une seule université de langue française. Un an plus tard, le Premier ministre Louis Robichaud présente un projet de loi portant sur la création de cette nouvelle université qu’on appellera « Université de Moncton ». Ceci hâte la fermeture du Collège NDA en mai 1965.

En 1967, les Acadiens de Moncton obtiennent la construction de l’école secondaire Vanier, ce qui rend inutile l’externat pour jeunes filles à NDA. On décide de ne plus y donner le programme du secondaire mais on garde le cours commercial pendant deux autres années, jusqu’à ce qu’il soit suffisamment organisé dans les écoles publiques.

En 1967, l’hôpital Georges Dumont démolit l’école des infirmières. Le gouvernement du N.-B. loue alors des locaux du Collège NDA pour héberger les 85 à 90 étudiantes infirmières. Soeur Jeanne Bourgeois dirige l’école des infirmières de cet hôpital pendant cinq ans. Quelques soeurs enseignent à cette école, soit comme professeures, soit comme institutrices cliniques. Étant donné la disponibilité en chambres au Collège NDA, les soeurs offrent également un service d’accueil fort apprécié par les familles ayant des parentshospitalisés à Moncton.

Entre 1969 et 1981, soeur Christina Mazerolle enseigne à une maternelle dans un local spacieux au rez-de-chaussée du Collège NDA. Ce service très en demande accueille environ 500 enfants en l’espace de 12 ans. Soeur Christina reçoit des stagiaires en éducation préscolaire de l’Université de Moncton car, à cette époque, il n’a pas encore de laboratoire spécialisé pour une telle formation.

En 1980, le Collège NDA devient un lourd fardeau financier pour la congrégation, même si des classes sont louées à la fonction publique pour des cours de langue française. Pour entretenir cet édifice, il faut débourser annuellement 150 000 $ pour le chauffage et les taxes. L’électricité, les assurances et l’entretien ménager coûtent cher. Le Conseil général décide de se départir de NDA. À la même époque, l’honorable Roméo LeBlanc, ministre des Pêches et Océans, veut créer le nouveau centre de la Région du Golfe. En septembre 1982, le gouvernement fédéral achète le Collège NDA. L’appellation « Notre-Dame d’Acadie » est alors transférée à l’école de musique qui déménage alors à 95, rue Botsford, à Moncton.

Au printemps 1986, on construit un édifice pour le culte sur le campus de l’Université de Moncton. Pour ne pas laisser tomber dans l’oubli le nom « Notre-Dame d’Acadie », soeur Édith Léger propose qu’on l’appelle Notre-Dame d’Acadie. Cette église, où une soeur NDSC est aumônière, offre un service à la génération montante.

En 2003, on construit une aile à la maison mère et on la nomme Notre-Dame d’Acadie, comme si on voulait à tout jamais perpétuer cette appellation.

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